Activité – Transgression et régulation des rôles de genre pendant la Révolution

PROBLÈME À RÉSOUDRE

La Révolution a-t-elle permis une émancipation des femmes ?

DOCUMENTS

Document 1 – L’instauration du mariage civil et du divorce par la loi du 20 septembre 1792


Source : Mariage républicain, estampe coloriée réalisée à partir d’une gravure de Pierre François Le Grand, 33,2 × 41 cm, 1794. Musée Carnavalet, Paris.

Définitions

◼︎ Allégorie : image représentant une idée abstraite.
◼︎ Calendrier républicain : calendrier créé en 1793 et utilisé jusqu’en 1806, en remplacement de l’ancien calendrier grégorien. Il commence le 22 septembre 1792, lendemain de la proclamation de la République.
◼︎ Code civil : compilation de lois et de règles en matière de droit civil (= qui régit les rapports entre des individus).
◼︎ Divorce : rupture d’un contrat de mariage, par consentement mutuel ou à la demande d’un des époux. Autorisé à l’époque romaine, le divorce avait été progressivement interdit par l’Église catholique au Moyen Âge.
◼︎ S’émanciper : se libérer d’une autorité, d’une contrainte ; devenir autonome ou indépendant.
◼︎ Féminité : représentations du genre masculin (par opposition à « masculinité »).
◼︎ Genre : ensemble de représentations et de valeurs attribuées au sexe biologique (mâle ou femelle). Le genre est construit par la société ; il varie donc en fonction des cultures et du contexte historique.
◼︎ Transgression : fait de ne pas respecter certaines normes sociales.
◼︎ Tricoteuses : nom péjoratif donné aux femmes issues des milieux populaires, soutenant les Montagnards. Celles-ci assistent avec assiduité – parfois en tricotant – aux séances de la Convention, où elles entretiennent une agitation permanente (parfois violente) contre les Girondins.

Document 2 – La participation des femmes à la vie politique


a. Un club de femmes en 1793 ou avant
Source : gouache sur carton de Jean-Baptiste Lesueur, 36 × 53,3 cm, entre 1789 et 1795. Musée Carnavalet, Paris.

b. Une représentation des « Tricoteuses »
Source
 : gouache sur carton de Jean-Baptiste Lesueur, entre 1793 et 1794. Musée Carnavalet, Paris.

Document 3 – Théroigne de Méricourt, actrice de la Révolution


a. Représentation supposée de Théroigne de Méricourt

Source : détail d’une gouache sur carton de Jean-Baptiste Lesueur, entre 1792 et 1795. Musée Carnavalet, Paris.
N.B. Cette gouache représente une succession de personnages qui n’ont pas de rapport entre eux.

b. L’appel à la formation de bataillons féminins par Théroigne de Méricourt

« Françaises, […] brisons nos fers1. Il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps ; […] Citoyennes, pourquoi n’entrerions‑nous pas en concurrence avec les hommes ? Prétendent‑ils seuls avoir des droits à la gloire ? Non, non… Et nous aussi, nous voulons mériter une couronne civique2, et briguer3 l’honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut‑être plus chère qu’à eux, puisque les efforts du despotisme s’appesantissaient encore plus durement sur nos têtes que sur les leurs. Oui… généreuses citoyennes, vous toutes qui m’entendez, armons‑nous […] »

Théroigne de Méricourt, discours prononcé à la Société fraternelle des Minimes4, à Paris, le 25 mars 1792.

  1. Chaines.
  2. Haute distinction militaire dans l’Antiquité romaine.
  3. Rechercher avec ardeur.
  4. Club politique.

Biographie – Théroigne de Méricourt (1762-1817)

Fille d’un laboureur belge aisé, elle s’enthousiasme pour la Révolution. En 1792, pour défendre la patrie menacée par les puissances européennes, elle réclame la création d’une « phalange d’Amazones », c’est-à-dire de bataillons de femmes soldats. Cependant, cet appel reste sans lendemain et, en avril 1793, la Convention interdit aux femmes de combattre dans les armées révolutionnaires. En mai 1793, Théroigne de Méricourt, qui défend les Girondins, est victime, à l’Assemblée, d’une agression de la part d’un groupe de femmes partisanes des Montagnards, qui la dénudent et la fessent. Elle quitte alors la scène politique. L’année suivante, considérée comme folle, elle est internée et passe le reste de sa vie dans un asile psychiatrique.

Document 4 – L’Assemblée interdit les clubs féminins


« Sous le rapport social, le premier devoir des femmes est l’éducation de leurs enfants, l’épuration des mœurs1 par l’exemple et les grâces.
Sous le rapport des convenances2, la nature, en les créant faibles, leur dénia cette force politique qui mène à la résistance à l’oppression ; et la pudeur leur interdit l’énergie de l’éloquence et les délibérations3 publiques.
Enfin, sous le rapport politique, lorsque la liberté est à son aurore en France, […] que dire des femmes dont l’éducation négligée […] ne permet pas de compter sur leurs lumières et dont la faiblesse de caractère peut faire craindre la séduction ? Depuis le commencement de la Révolution, les femmes, plus esclaves des préjugés nobiliaires et religieux4 que les hommes, ont été constamment entre les mains des prêtres et des ennemis de l’État […] »

Jean Pierre André Amar5, Rapport à la Convention, 30 octobre 1793.

  1. Adoucissement des mentalités.
  2. Morale.
  3. Débats.
  4. Influence supposée de la noblesse et du clergé sur les opinions des femmes.
  5. Au nom du Comité de Sûreté générale dont il est membre, Amar présente à la Convention un projet de loi pour interdire les clubs féminins.

Document 5 – Allégorie du mois de germinal dans le calendrier républicain


Source : estampe coloriée réalisée à partir d’une gravure de Salvatore Tresca, d’après un dessin de Louis Lafitte, entre 1797 et 1798. Musée Carnavalet, Paris.
N.B. Germinal est le septième mois du calendrier républicain et correspond à la période allant du 21 mars au 19 avril (avec des variations selon les années).

Document 6 – Les droits des femmes en France selon le Code civil


Du mariage (Livre I, Titre V)
« Art. 213 – Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari.

Du divorce (Livre I, Titre VI)
« Art. 229 – Le mari pourra demander le divorce pour cause d’adultère de sa femme.
Art. 230 – La femme pourra demander le divorce pour cause d’adultère de son mari, lorsqu’il aura tenu sa concubine dans la maison commune. »

Extraits du Code civil ou « Code Napoléon », 21 mars 1804.

ENQUÊTE

RÉPONSE AU PROBLÈME

Réponds au problème de départ en t’aidant de tes réponses aux questions de l’enquête. N’oublie pas de structurer ta réponse ! ☺︎